Cadence, Stéphane VELUT (Christian Bourgois)

Publié le par Le Prix Virilo


Lu par... Marine  


        M. Velut devait faire partie de nos lecteurs, rien que pour l’hommage à son nom si proche de nos préoccupations propres aux mâles. Il devait aussi faire partie de nos lectures car, pour ne rien gâcher, son livre est à la fois bon et viril. Voyez plutôt : un homme, un artiste, parce que les artistes peuvent tout se permettre, surtout quand ils oeuvrent pour la gloire de l’Allemagne nouvellement nazie de 1933, cloître chez lui une petite fille dont il doit faire le tableau. Il lui semble en effet que cette fillette, dont il fait au fur et à mesure de son plongeon dans les tréfonds de la folie une véritable poupée, symbolise parfaitement la nouvelle Allemagne.

Découvrant ses capacités de démiurge sur un être trop faible pour lui résister, il invente tout un rituel de soumission (qui est la preuve éclatante de l’imagination puissante de l’auteur). Mais plus il s’enfonce dans cette relation à ce qui est devenu sa chose, plus, paradoxalement, il devient pathétique aux yeux du lecteur. Ce n’est pas lui la victime mais c’est pour lui que l’on redoute la chute de l’histoire (à juste titre). Mais c’est peut-être mon côté féminin qui prend là le dessus, m’apitoyant sur le sort d’un homme à sauver. Les femmes du roman s’acharnent d’ailleurs un temps à le soigner, lui, dans un étrange aveuglement. Jusqu’au final, grandiose, où la Femme ne peut ni ne veut plus rien pour le psychopathe qu’il est devenu.  

Publié dans Critiques 09

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