"Les assoiffées", de Bernard Quiriny (Seuil)

Publié le par Le Prix Virilo

Imaginez un monde où les femmes – flamandes, wallones, peu importe, du moment qu'elles aient un chromosome X et un Y -, détiennent le pouvoir; où les hommes sont réduits à l'état d'esclaves émasculés; où les gamètes sont triés avant la naissance pour éviter les naissances mâles. Ce monde éugénique, c'est la Belgique. Manifestement féru de George Orwell,   dresse le portrait d'une nation imaginaire, tombée dans les mains d'une poignée de féministes allumées.

 

Après lecture, plusieurs réflexions:

 

*  Si on était macho, on dirait  "dis donc, on a bien fait de ne pas se laisser faire par ces bonnes femmes, quelle bande d'hystériques on ne peut pas laisser totues seules".

* Si on était féministe, on dirait  "les femmes ne sont pas capables de violence envers les femmes, ce sont les hommes qui nous ont perverties, nous pauvres indigènes".

* Si on était membre du Prix Virilo, on s'arracherait les cheveux, qui tombent déjà naturellement. "Ce bouquin, c'est Virilo ou Trop Virilo? Les deux mon général! C'est une bonne histoire, plutôt originale et bien écrite, mais aussi une éruption machiste de par son thème osé en ces temps de féminisme latent..."

 

 

En somme, on aime.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Autre son de clocle, par Marine.

 

Les assoifées - QuiniryHeureusement qu’il y a des Belges pour sortir le lecteur du conformisme des ouvrages français (qui est plus est parfois poncifs, poussifs, sans humour aucun, parfois tout à la fois). Le sérieux est gage chez nous de distinction. Bref, nous sommes affreusement snobs. Toujours est-il que cette histoire de Belgique fermée au monde comme l’est la Corée du Nord, proie d’un régime totalitaire dont la visée est l’avènement de la femme nouvelle, est sacrément réjouissante. Dans le concept. Car, si c’est bien écrit et tout et tout, la logique n’est pas poussée à bout et c’est dommage. Il manque un peu de mordant, notamment dans le style, pour arriver à quelque chose qui ne soit pas qu’à demi-absurde ou à demi-burlesque (voire, si cette option avait été choisie, à demi-effrayant). Le propos et le style restent donc dans le demi (et pas de bière), comme mon avis, partagé.

 

PS féminin : A de petites choses on perçoit nettement la touche masculine dans la description de ces ultra-féministes belges… Toute femme qui se respecte notera le peu de considérations sur les tenues vestimentaires, notamment les sous-vêtements (alors, avec ou sans soutif ?), ou d’autres choses très peu intellectuelles (mais essentielles dans la critique féminine des diktats masculins) telles l’épilation, l’allaitement, les tampons, enfin tout ce qui fait que les femmes n’ont pas le même quotidien que les hommes…

 

Publié dans critiques 2010

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